Le Premier Calvaire

Le 2 septembre 1847 mourait Joachim Clément, président de l’association de gestion paroissiale qu’on appelait la Fabrique. L’abbé Adolphe TAFFIN, curé de la paroisse, apprit que Madame Clément désirait faire ériger un monument à la mémoire de feu son mari.

L’abbé Taffin  fit remarquer à cette dame qu’à son sens, il serait judicieux de construire, au milieu du cimetière communal, un calvaire surmontant le tombeau de son époux. C’est pourquoi monsieur Clément fut inhumé au centre du cimetière. La veuve pria le curé de s’occuper des travaux. L’abbé Taffin traça le plan de l’édifice et fit tailler des pierres bleues provenant des carrières de Bellignies. Le Maire, s’opposa à l’érection du monument, faisant valoir que la loi sur les cimetières interdisait à un particulier de construire dans un cimetière, sur un terrain non acheté par la famille.

On avait pourtant déjà placé des croix en fer sur certaines tombes sans que quiconque n’eût préalablement acquis le terrain sur lequel elles étaient  posées.

Curieusement, le conseil municipal ne disposait pas de tarif concernant les concessions de terrains. Il décida d’en établir un pour la circonstance, et la veuve Clément put ainsi acheter une concession perpétuelle pour quatre-vingt-francs. Dès lors, plus rien ne s’opposait à la construction du monument qui fut réalisé en trois parties superposées reposant sur un massif en briques couvrant toute la surface de la concession. Une croix en fonte surmontait le tout.

Pour permettre un accès facile à ce qui devenait alors le premier calvaire de la paroisse, on traça une allée partant de l’entrée du cimetière et s’arrêtant devant le monument. Là, elle se divisait de manière à permettre d’en faire le tour à distance convenable. La plate-bande était gazonnée. Certains Fresnois âgés se souviennent d’être allés, le jour de la Procession, jusqu’à cet ancien calvaire. L’allée existe encore, bien que le gazon ait disparu.

  • Ci-dessus : le premier calvaire tel qu’on peut le voir aujourd’hui au cimetière communal. La grande croix en fonte qui le surmontait à l’origine a disparu
  • Ci-dessous : le calvaire actuel

 

Le Calvaire Actuel

 

Le 13 mars 1849 mourait Jean-Baptiste Brouillard, riche rentier de la commune. Sa veuve, née Bocquillon, demanda au curé Taffin de se charger de faire ériger un monument sur la tombe de son époux.

Comme nous venons de le voir, un calvaire existait déjà dans le cimetière mais l’idée de l’abbé Taffin était de doter la ville d’un calvaire digne de ce nom.

Il se rendit chez la veuve Brouillard et lui dit : “Ne voulez-vous pas perpétuer le souvenir de votre mari par un calvaire construit hors du cimetière ?”

Jeanne Bocquillon était riche. Elle accepta la proposition du prêtre. Un terrain appartenant à la baronne de Maingoval fut acheté le long de la route de Saint-Amand. C’est monsieur Leroi, architecte à Lille, qui établit les plans.

Les travaux furent rapidement entrepris, face au presbytère qui se trouvait alors à l’angle de la rue des Postes (actuelle rue Taffin) et de la rue de St Amand (actuelle rue du Docteur Loubry).

Le calvaire fut construit en pierre de Creil, dans le plus pur style gothique. De forme hexagonale, il présente sur son pourtour six pignons profondément taillés, entrecoupés de clochetons et surmontés d’une galerie qui recouvre les six faîtes, jusqu’à un clocheton central portant une croix.

Dans les trois pignons formant le fond du calvaire furent aménagées trois fenêtres ornées de vitraux colorés, oeuvre de MM. Penel et Godelet de Lille, et représentant les instruments de la Passion.

Ces vitraux furent détruits pendant la première guerre mondiale et remplacés par d’autres plus simples.

Sous l’autel, derrière une rangée de petites colonnes, est représenté le Christ au tombeau. Sur l’autel, deux anges agenouillés pleurent. Ces sculptures sont l’oeuvre de MM. Hever et Power de Lille.

Sur la croix, un Christ lève les yeux au ciel. Il est l’oeuvre de M. Duez de Taisnières en Thiérache. Aux extrémités de la croix, des médaillons sont la réplique d’une croix qui se trouvait dans l’ancienne église. Les sept péchés capitaux sont représentés sous forme allégorique. L’orgueil, sous forme d’un serpent, est écrasé sous la croix. Des animaux, dans une attitude de fuite, servent de gargouilles : elles symbolisent les six autres péchés. Elles ont, à ce jour, presque toutes disparu.

Le 28 septembre 1851, le monument est béni par M. Philippe, vicaire général, en présence de nombreux membres du clergé, parmi lesquels les doyens de Condé et de Valenciennes et le directeur du Séminaire. Un magnifique cortège, composé des autorités de la commune et du canton, de la musique de la Garde Nationale et d’une foule importante accourue des campagnes et des villes voisines accompagne cette cérémonie. Le Christ est porté par vingt mineurs qui se relaient en deux groupes.

 

La famille Brouillard-Bocquillon fait creuser le caveau familial près de la clôture, derrière le calvaire. M. Jean-Baptiste Brouillard y est inhumé le 25 octobre 1852. Plusieurs membres de sa famille seront également enterrés à cet endroit.

 

Le monument a subi quelques petites restaurations (peintures, ravalement) en 1989 et en 2000. Mais son aspect général a peu changé depuis 1851.

 

Sources :

  • Journal paroissial
  • Archives municipales.