En octobre 1802, deux ans avant l’avènement du Premier Empire, une fosse fut creusée le long de la route de Saint Amand, face à l’actuel cimetière. Elle fut baptisée Bonaparte en hommage au Premier Consul Napoléon Bonaparte, puis rebaptisée Bonne-Part ou Bonnepart après la restauration des Bourbons en 1814. L’usage a dû intervenir pour une large part dans la transformation du nom.

Cette fosse présentait deux puits de forme carré. L’abattage du charbon se faisait alors manuellement, à l’aide de pics et de rivelaines. La remontée s’effectuait grâce à des tonneaux. Plus tard, on installa un guidage* qui permit l’utilisation de berlines* de quatre hectolitres de contenance. Celles-ci étaient remontées au jour dans des cages à quatre étages qui permettaient les mouvements des hommes et du matériel.

Le faisceau de veines compris entre le niveau marin de « la Poissonnière » et « Masse » portant le nom de « Plat Bonnepart » fut exploité jusqu’à l’étage ouvert à 309 mètres de profondeur. Un défoncement effectué à proximité des puits déhouilla « Masse » jusqu’à 363 mètres.

Une bowette* creusée à l’étage 329 au toit de « la Poissonnière » recoupa et exploita partiellement quatre veines qui furent appelées « Camarou », « Quatre pieds », « Napoléon » et « Louvignies ». Les fosses ouvertes postérieurement (Saint Rémi en 1805, Grand Wez en 1812 et Outre Wez en 1817 lui servirent de retour d’air.

Bonnepart fut après la fosse des Rameaux, le siège de l’Etablissement des Mines de Fresnes dont elle resta le dernier bastion. Elle ferma ses portes en 1822 : elle n’avait fonctionnée que vingt ans. Etrange coïncidence : elle fut inondée le jour du décès de l’empereur, le 5 mai 1821.

Le puits d’épuisement fut remblayé aussitôt et un serrement fut exécuté. Le puits d’extraction, quant à lui, fut laissé à l’abandon sans en assurer l’exhaure* (860 m3 d’eau par jour). Les ingénieurs des mines évaluèrent à un million de m3 l’eau emmagasinée dans les anciens travaux.

Ce puits fut dénoyé en 1895. L’épuisement de l’eau fut, par la suite, assuré par la fosse l’Avaleresse de Vieux-Condé.

Le deuxième puits fut fermé en 1913 mais l’extraction continua. En février 1956, la taille chassante, exploitée sous le nom de « Six Paumes » par la fosse Lagrange à l’étage 325, traversa les staples* de Bonnepart, dans la veine « Elisabeth », démontrant ainsi l’identité des deux veines.

Aujourd’hui, il ne reste aucun vestige de la fosse Bonnepart si ce n’est, envahie par la végétation, une partie du terril situé près des salles de sport.

 

Guidage* : ensemble de pièces qui guident la descente et la remontée des cages d’extraction.

Berline* : wagonnet servant à transporter le charbon

Bowette* : (patois) voie taillée dans le rocher.

Exhaure* : épuisement des eaux d’infiltration.

Staples* (ou stappes) : remblais, mais plus particulièrement les remblais de la taille.